Acquisition du Naufrage d’Alexandre Antigna

Le musée des Beaux-Arts a acquis par préemption pour le prix de 570 € le Naufrage d’Alexandre Antigna. Né à Orléans en 1817, Alexandre Antigna a remporté dès ses débuts à Paris dans les années 1840 un très grand succès qui a fait la fierté de sa ville natale, gratifiée dès 1849 de l’envoi par l’État du tableau Après le Bain. C’est surtout en 1850, avec L’Incendie, qu’il s’impose aux côtés de Courbet comme l’un des chefs de file du réalisme, construisant son œuvre sur des sujets pris dans le monde des rues et des champs, entre visions poétiques d’une vie simple et heureuse et les affres de la misère qui touche la société de la fin de la monarchie de Juillet et du Second Empire.

 

Le musée des Beaux-Arts d’Orléans conserve le fonds de référence de l’artiste, avec une salle lui étant consacrée en plus des œuvres présentées dans le grand salon. La Pauvre femme du Salon de 1857, Cousquet-hi, récemment acheté aux descendants, Les Aragonaises, grande toile espagnole comme il en réalise dans les années 1860, et des têtes d’études qui font son succès à travers le monde offrent au public un large panorama de l’art de cet artiste aujourd’hui méconnu, mais dont la réputation s’étendait de son vivant outre-Atlantique et dans toute l’Europe. Aucune scène de mer ne représentait pourtant aujourd’hui ce versant qui traverse sa carrière. Sa découverte de la Bretagne, où il finira ses jours, lui inspire plus de vingt ans de sujets tantôt de jeunes pêcheurs joyeux, tantôt de mers déchaînées rendant des corps inertes, comme le Naufrage. Ce tableau permet de faire dorénavant se retrouver sur les murs du musée d’Orléans les deux rivaux dans une confrontation de La Vague de l’un et du Naufrage de l’autre, qui partagent une grande proximité plastique.

Alexandre Antigna (1817-1878), Le Naufrage, vers 1855-1860, huile sur toile, 57×89 cm, inv. 2024.11.1

Musée des Beaux-Arts

Ce tableau était jusqu’alors connu par une photo ancienne conservée dans un recueil de photos issues de l’atelier. Il n’était jamais réapparu et il est vraisemblable qu’il ait été acquis du vivant de l’artiste par un amateur toulousain. Antigna a en effet régulièrement exposé à Toulouse dans les années 1860 et semble avoir tissé un réseau d’acheteurs.

— Le 8 Août 2024

Partager l'article