Acquisition du Médaillon d’Eugène Devéria par David d’Angers

Les collections d’Orléans ont pris un tour radicalement romantique sous le directorat d’Eudoxe Marcille, de 1870 à 1890. Ce dernier a cherché à réunir des ensembles représentatifs de ce que fut le romantisme, à l’heure où la génération de 1830 commençait à disparaître des mémoires. La sculpture y tient une place de premier plan, avec en figures de proue Henry de Triqueti et David d’Angers. Marcille avait rencontré David d’Angers dans l’atelier des frères Devéria, qu’il intègre comme élève entre 1829 et 1830. Aux premières loges pour assister à l’éclatant débuts des romantiques qui se réunissent toutes les semaines chez les Devéria, il y développe un goût qui sera à l’origine, quarante ans plus tard, de vingt années de politique d’acquisition déterminantes pour l’identité du musée d’Orléans.

Cette cire, réalisée en 1828, a appartenu, comme l’ensemble des médaillons en cire, à Victor Pavie, membre du Cénacle qui se réunissait chez les Devéria. Ces cires rouges, modelées sur le vif ou à partir de croquis dessinés lors des soirées du groupe romantique, donnaient lieu par la suite aux médaillons de bronze et de plâtre qui laissent aujourd’hui une large physionomie de ceux qui ont fait le romantisme.

Le musée d’Orléans a acquis en 2023 la cire préparatoire au médaillon d’Achille Devéria, qui peut désormais être complétée par celle de son frère et binôme Eugène. Ce médaillon, tiré en bronze la même année, est réalisé alors qu’Eugène Devéria, à peine âgé de 22 ans, vient de remporter un succès extraordinaire au Salon avec sa Naissance d’Henri IV, conçue comme une partie du triptyque-manifeste que les deux frères Devéria élaborent avec Louis Boulanger (Mazeppa) et Victor Hugo (Préface de Cromwell). David s’est inspiré d’un autoportrait d’Eugène Devéria (Angers, musée des Beaux-Arts), qui en réalisa de nombreux, dans lequel on retrouve sa physionomie caractéristique, avec sa coiffure échevelée, sa barbe et ses moustaches en croc à la façon du temps de Louis XIII.