Acquisition d’un tableau de Il Todeschini
L’œuvre : Maçon et cordonnier
Un grand tableau du peintre d’origine autrichienne Giacomo Francesco Cipper, dit Il Todeschini (1664-1736), rejoint les peintures italiennes du XVIIIe siècle, avec un sujet pour le moins énigmatique ! Si la date, vers 1710, est trop tôt pour y voir avec certitude une allégorie de la franc-maçonnerie qui ne se développe que plus tard dans le siècle, cette grande composition invite à percevoir un sens caché dernière ce cordonnier et ce maçon, ce chien et ce chat et les différents détails comme les riches bijoux, incohérents avec la condition sociale du protagoniste qui les porte.

Giacomo Francesco Cipper dit il Todeschini (Feldkirch 1664 – Milan 1736), Maçon et cordonnier ou Allégorie de la Franc-maçonnerie, vers 1720-1725, huile sur toile, 116 x 143 cm
Musée des Beaux-ArtsL’œuvre d’un beau format et dotée d’un cadre ancien semble de prime abord une simple scène de chantier. En effet, un maçon est présenté au premier plan tenant une truelle, assis à terre devant une table supportant de nombreux outils. Son pied droit est nu au premier plan et la chaussure manquante est visible dans la main d’un cordonnier à l’arrière-plan. Cet élément est cependant à mettre en lien avec d’autres symboles glissés dans le tableau. En effet notre maçon est doté d’une importante bague et tient aussi une rapière contradictoire avec sa position dans la société de l’époque. Or l’étude des textes commentant les rites d’initiation à la Franc-maçonnerie du Settecento font tous état que le rite d’initiation exigeait, parmi les nombreuses épreuves, de se présenter avec le pied gauche manifestement battu et malmené pour témoigner du respect que l’initié doit observer envers l’Art, tandis que l’épée intervient aussi assez souvent dans le même rite d’initiation. Autre élément soulevant un questionnement associé à la lecture de l’oeuvre : la présence du chien et du chat en plein conflit qui incarne parfaitement l’expression comme chien et chat qui existe également en italien depuis plusieurs siècles. Tous ces éléments mis ensemble permettent de bien saisir l’importance de la multiplicité du discours dans ce tableau, dépassant la stricte illustration de métiers artisanaux.
Ce tableau a été acquis auprès de la galerie Enrico Frascione, avec la participation des Amis des Musées d’Orléans, de la DRAC Centre Val de Loire et de Pascal Grégoire, fidèle mécène du musée, qui avait notamment permis en 2018 la restauration du Saint Thomas de Velázquez.
L’artiste : Il Todeschini
Giovanni Francesco Cipper, dit il Todeschini, est ainsi surnommé en raison de son origine autrichienne. Actif essentiellement en Lombardie, et en moindre mesure en Vénétie, son art est souvent mis en rapport avec Monsù Bernardo (Eberhard Keilhau) ou encore avec la peinture génoise. Il appartient pleinement au groupe des peintres de la réalité en Lombardie réunis dans une exposition par Roberto Longhi en 1953 à Milan. Ce fut le point de départ d’une importante redécouverte de ce peintre. L’un des principaux points remis en avant par les dernières études réside dans la multiplicité de l’oeuvre de l’artiste ne se limitant pas à de strictes scènes de genre qui aurait pu être prise sur le vif. Au contraire, la plupart de ses oeuvres impliquent une savante composition faisant intervenir des sources gravées ou peintes et un sens dépassant la stricte représentation des moins fortunés.
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