Un triptyque de légende : William Etty aux Beaux-Arts

Jeanne d’Arc exerce au XIXe siècle une fascination bien au-delà des frontières françaises, et jusqu’en Angleterre qui entretient un rapport ambigu à son souvenir. William Etty, l’un des principaux artistes anglais de la première moitié du siècle, lui voue une admiration immense et son dernier voyage en France, en 1843, le conduit à Rouen et Orléans sur les traces de la Pucelle pour finaliser un grand triptyque, sur lequel il travaille depuis 1839. Il est alors au sommet de sa gloire. En effet, en 1839, il envisage de clore une série de neuf peintures d’histoire incarnant les grandes valeurs de l’humanité par un triptyque consacré à Jeanne d’Arc. Avec cette Judith moderne sont abordés la religion, la loyauté et le patriotisme à travers trois épisodes de la vie de la Pucelle d’Orléans : Jeanne d’arc trouve l’épée dans la chapelle de Sainte-Catherine-de-Fierbois, Jeanne d’Arc fait une sortie depuis les portes d’Orléans et disperse des ennemis de la France et Jeanne d’Arc, après avoir rendu les services les plus remarquables à son prince et à son peuple, meurt en martyre pour leur cause. 

Le triptyque l’occupe pendant de nombreuses années. En août 1840, les toiles sont prêtes, mais il faut attendre 1842 pour qu’il trace à la pierre noire la composition des trois sujets. En 1843 il voyage en France sur les traces de Jeanne d’Arc et passe deux jours à Orléans à copier les édifices encore en place. Il achève en 1846 son projet de trois états de Jeanne – la sainte, la patriote et la martyre – pour le présenter au salon de la Royal Academy de 1847. L’exposition du triptyque suscite un engouement extraordinaire, mais les panneaux sont dispersés lors de ventes des trois associés après avoir été exposés une dernière fois en 1849 à la mort de l’artiste. Longtemps uniquement connu par la gravure, ce triptyque mythique a fait l’actualité en 1982 lorsque le panneau central est réapparu à la galerie Colnaghi et vendu pour 250.000 francs au musée d’Orléans avec l’aide de l’État. La redécouverte de ce tableau est une immense opportunité pour le musée d’Orléans de compléter ce triptyque dont le panneau central est devenu l’une des oeuvres les plus connues et les plus admirées des collections. Il est présenté dans la salle des grands formats du XIXe siècle, qui sera raccrochée pour ajouter le panneau gauche. Sa restauration admirable a permis de retrouver la fluidité et la transparence de la touche de William, ainsi que la chaude polychromie du tableau.

William Etty (York, 1787- id., 1849), Jeanne d’Arc trouve l’épée dans la chapelle de Sainte-Catherine-de-Fierbois, 1846, huile sur toile, H 300 x L 200 cm

Musée des Beaux-Arts

— Le 26 Mar 2025

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