Déploration de Christ mort

Bertholet Flémal est l'un des peintres les plus talentueux de l'école liégeoise, noyau de classicisme italianisant en plein cœur des Pays-Bas catholiques conquis par la veine baroque de Rubens et de ses émules. Plusieurs peintres liégeois effectuent à Paris une partie de leur carrière, trouvant dans les œuvres de Nicolas Poussin ou de Philippe de Champaigne des interprétations éblouissantes du classicisme français. Flémal se rendra plusieurs fois à Paris et participera à quelques grands chantiers de décors : le maître-autel de l'église des Grands Augustins, l'hôtel Lambert ou encore les appartements du roi au Palais des Tuileries. Cette Déploration appartient sans doute à son premier retour dans sa ville natale, entre 1647 et 1650 Le tableau ornait probablement l'autel d'une église de la région liégeoise. Il a été amputé en partie supérieure : on distingue le corps tronqué de la Vierge en prière et d'un ange portant la Croix. Une copie médiocre du tableau, conservée dans l'église Saint-Remy de Huy, permet de connaitre l'aspect du retable avant sa mutilation. Le sujet s'apparente à une Déploration sur le corps du Christ mort, où la Vierge intercède auprès du Ciel, offrant le corps de son fils à Dieu pour sauver l'humanité. Ce type de composition, qui allie le déploiement en largeur du corps du Christ et l'élan ascensionnel des regards suppliants, se retrouve chez d'autres peintres liégeois contemporains, tel Walthère Damery. Cette toile est l'une des plus magistrales réalisations de Flémal, alliant à l'élégance contenue des figures un soin méticuleux dans le rendu des drapés : le linceul blanc du Christ, étalé ou ramassé en une infinité de plis et de froissures, est un incontestable morceau de bravoure.