Portrait de Marie-Anne Restout (1704-1784)

Maurice-Quentin de La Tour est l'un des plus grands pastellistes du XVIIIe siècle et le grand rival de Jean-Baptiste Perronneau, son cadet de onze ans. Il quitte sa ville natale pour intégrer l'atelier de Jan Jakob Spoede et complète sa formation en recevant les conseils de Louis de Boullogne et de Jean Restout. Il se spécialise à partir de 1737 dans le portrait au pastel, genre et technique qui connaissent un essor inédit depuis le début du XVIIIe siècle, notamment sous limpulsion de Joseph Vivien (1657-1734) et de la vénitienne Rosalba Carriera (1675 - 1757). Sa brillante carrière l'amène à travailler pour la Cour, mais aussi pour les financiers, les intellectuels et les artistes de son temps.

Maurice-Quentin de La Tour reste très attaché à Restout, comme en témoigne le merveilleux portrait de son épouse, Marie-Anne Restout (1704-1784), âgée de 34 ans, qu'il réalise en 1738, dix ans après son mariage avec le peintre.

Elle-même issue d'une célèbre famille d'artistes, sœur du peintre Noël Hallé, son portrait est resté chez les descendants de la famille et il est entré en 2010 grâce au legs d'Henriette Valois comme une des œuvres majeures du musée.

Exposé au Salon de 1738 avec celui de son époux, les deux pastels rencontrent un succès considérable, attirant l'admiration de la critique qui salue la vie émanant de ces deux effigies. Alors que Jean Restout est représenté en artiste, dessinant sur un portefeuille (œuvre non localisée), sa femme est installée dans un intérieur, en buste de trois-quarts et découvre un visage souriant empreint de douceur et de simplicité. La Tour choisit une composition très similaire pour un autre portrait du même Salon, celui de la Marquise de Sesmaisons (Paris, Musée du Louvre), nièce du Président Rieux, également accoudée face au spectateur, les mains croisées. La Tour y fait preuve d'une manière fondue et « caressée » avec un fini moelleux et un grand attachement à rendre les matières avec réalisme, plus soucieux de vérité