Le Pigeonnier, dit aussi Le Moulin de Charenton

Couramment désignée comme Le Moulin de Quiquengrogne à Charenton, cette œuvre emblématique des collections orléanaises part d'un lieu réel connu par des dessins anciens pour en offrir une réinterprétation idyllique très appréciée des amateurs du XVIIIe siècle. C'est d'ailleurs pour répondre au goût de son siècle que l'artiste, premier peintre du roi depuis 1765, place dans l'embrasure de la porte une scène galante qui trouve son écho auprès des colombes et de la couronne, symboles nuptiaux.

Boucher a d'ailleurs connu un vif succès de son vivant pour ses scènes mythologiques ou galantes, où apparaissaient souvent des nus féminins idéalisés.

Boucher se plait à accumuler un ensemble de motifs qui le charme, comme l'a souligné Georges Brunel : « Cette dernière peinture est l'une de celles où apparaît le mieux le mouvement par lequel l'imagination de Boucher a commencé à se stériliser et se figer en formules. On y trouve tout l'entassement d'objets qu'il aime : un chemin de terre décrit une courbe au premier plan à droite et aboutit à un escalier en planches qui ne semble pas trop solide; on accède par-là à une petite maison apparemment construite sur les arches à demi ruinées d'un vieux pont ; un peu plus loin, un pigeonnier se dresse sur ses pilotis ; une femme, devant la maison puise de l'eau dans la rivière avec un seau attaché à une corde... ». L'œuvre est peinte dans une gamme bleu-vert irréelle que relève visuellement, par contraste, la chemise rouge de la jeune femme en train de puiser de l'eau d'un geste élégant. Le peintre a recours au même procédé de contraste pour son tableau Les Lavandières (1768, New York, Metropolitan Museum of Art).