Saint Sébastien

Centurion de la 1re cohorte sous Dioclétien, saint Sébastien est mis à mort pour avoir embrassé la religion chrétienne. Son corps fut d'abord criblé de flèches (sagittation) sur le Champ de Mars à Rome : il survit miraculeusement et fut soigné par une jeune veuve, Irène. Il est ensuite martyrisé dans le cirque, puis son corps est jeté dans la Cloaca maxima, les égouts de la ville. Ce tableau évoque l'instant précédant son martyre. Le soldat romain gît, le poignet encore attaché à l'arbre contré lequel il reçut les flèches. Son corps transpercé porte les stigmates de l'évènement. L'artiste a représenté le saint isolé, avant l'arrivée d'Irène.

Le tableau a été attribué à Antonio de Bellis, peintre napolitain actif dans le deuxième tiers du XVII* siècle et dont le style résume les nouvelles évolutions de la peinture napolitaine. Elève de Massimo Stanzione, il est très Influencé par Caravage comme tous les artistes napolitains de sa génération. Il est également marqué par le peintre bolonais Guido Reni, présent à Naples en 1620 - 1621.

Ce saint Sébastien, daté des années 1640, s'inscrit dans une période où se tempère à Naples le fort ténébrisme et le naturalisme cru de Caravage, au profit d'une recherche de douceur et d'idéalisation.

Saint Sébastien, patron des archers, est fréquemment invoqué pour se prémunir des épidémies de peste. La grande peste de Naples en 1656, qui emporta nombre de peintres (dont sans doute Antonio de Bellis lui-même) a offert l'occasion de représenter de nombreuses fois le saint, prétexte comme souvent en peinture à un développement à la fois tragique et sensuel du nu masculin.