La marquise de Pompadour en manchon

Née en 1721, Jeanne-Antoinette Poisson devient la maîtresse de Louis XV dès 1745 et exerce une influence considérable sur le roi, la cour et les arts. Dans ce portrait de la favorite, exécuté un an avant sa mort prématurée, Drouais s'éloigne du portrait d'apparat en représentant la marquise dans un intérieur protégeant ses mains dans un manchon de fourrure, vêtue avec une élégante simplicité d'une robe de soie à la française. La marquise, la quarantaine passée, n'en a pas moins une expression naturelle que traduisent son sourire bienveillant et la douceur de son regard. Cette œuvre, de format réduit et au caractère intimiste, était vraisemblablement destinée au cercle proche de la marquise, celui de ses amis et admirateurs.

Bien qu'on ignore les circonstances exactes de cette commande, Humphrey Wine invite à penser que l'œuvre est une réplique du portrait de Madame de Pompadour à son métier à broder (1763-1764, Londres, National Gallery), et non une étude préparatoire. La toile a donné lieu à un grand nombre de répliques ou à des reprises partielles, comme c'est le cas du tableau d'Orléans. L'inscription sur la toile précise que le visage de Madame de Pompadour a été retouché « d'après nature » en juin 1763, probablement à l'occasion de la venue à Paris de cette dernière pour les cérémonies marquant la fin de la guerre de Sept Ans (1756-1763).

Premier peintre du roi (1710-1774), Drouais reçoit de nombreuses commandes de l'entourage royal. Il fut l'élève de son père, Hubert Drouais (1699-1767), de Donat Nonnotte (1708-1785), de Carle Van Loo (1705-1765), puis de Charles-Joseph Natoire (1700-1777) et François Boucher (1703-1770). Reçu à l'Académie royale en 1758, Drouais exécute les portraits de membres de la famille royale, ainsi que de la cour. Travailleur acharné, Drouais laisse un œuvre considérable lorsqu'il meurt à 48 ans.