Tête de jeune fille aux bijoux de corail

En 1886, Eugène Froment-Delormel répartit entre plusieurs musées le fonds d'atelier de son ami Amaury-Duval dont il a hérité. Apprenant cela, Eudoxe Marcille, directeur du Musée de 1870 à 1890, toujours en quête d'œuvres pour enrichir le panorama de l'école moderne du Musée d'Orléans, le sollicite et obtient les cartons et répliques des fresques du château de Linières, refusées par le Louvre. Soucieux à son tour que tous les aspects du talent d'Amaury-Duval puissent être représentés, Froment-Delormel ajoute aux toiles et dessins un « spécimen de ce qui a été la note connue et récompensée de son talent de portraitiste ».
L'art du portrait n'est pas le moindre de ceux que maîtrise le peintre, qui s'impose dès ses premiers envois, à partir de 1833, comme le meilleur élève d'Ingres et un portraitiste hors pair dans le rendu des tissus, des carnations porcelainées et du raffinement des années de la monarchie de Juillet.
Sa rencontre avec Ingres en 1825 en a fait son premier élève et son assistant fidèle, mais il a su s'affranchir du strict modèle de son mentor pour développer un style propre. Le tableau offert au Musée, réalisé à la fin du Second Empire, un an après le dernier envoi du peintre au Salon, témoigne des recherches d'archaïsme et de simplification des formes qui accompagnent son œuvre, d'abord dans l'art religieux, notamment dans ses peintures murales de Saint-Germain-l'Auxerrois à Paris, mais également dans le portrait. Le recours au profil, qui reprend le principe des médaillons en vogue à la période romantique, privilégie une lisibilité du visage qui se découpe sur un fond bleu. Ici le ciel est remplacé par un tissu d'ameublement tirant sur le gris, mettant en valeur les bijoux de corail du modèle.