Étude de femme

Le directorat de Demadières-Miron, entre 1838 et 1852, marque l'entrée des artistes contemporains au Musée. Aimée Brune-Pagès le connaît peut-être déjà lorsqu'elle expose aux Amis des Arts d'Orléans, en 1839, son Étude de femme, qui est acquise pour les collections. Sa réputation est déjà bien établie, dans la peinture de genre mais également d'histoire, à laquelle elle s'est formée dans l'atelier pour femmes de Charles Meynier. La scène de genre en plein renouveau lui offre d'abord un terrain d'expérimentation des passions humaines, avec des sujets littéraires comme La Pauvre fille, d'après Alexandre Soumet (1829) et La Grand mère, d'après Victor Hugo (1831).

Une Jeune fille apprenant la mort de son mari, en 1834, tire les larmes aux visiteurs du Salon qui se délectent, comme la critique, de la grâce pathétique dont elle fait sa marque de fabrique.

Tantôt dans des compositions à la mode, avec en 1831 Le Sommeil et Le Réveil dans la mouvance de Claude-Marie Dubufe, tantôt dans des sujets de genre historique comme Silvio Pellico à Venise (1835) ou Léonard de Vinci peignant le portrait de La Joconde (1845), elle fait la démonstration de sa capacité à aborder tous les registres, avec une aisance qui lui vaut une médaille de deuxième classe en 1831 puis une de première classe en 1841 et l'acquisition régulière de ses toiles pour des musées de province.

C'est par le biais des sujets religieux, relevant de la peinture d'histoire, qu'à partir de 1841 elle trouve une voie garantissant la bienséance exigée d'une femme. Moïse sauvé des eaux (1841, Musée de Bordeaux), La Résurrection de la fille de Jaïre (1842, Musée de Carpentras) et La Fille de Jephté (1846, Amiens, Musée de Picardie), embrasent la critique féminine qui voit en Aimée Brune-Pagès le porte-flambeau de la reconnaissance qui doit être accordée aux femmes. L'Étude de femme est sans doute préparatoire à une composition en cours d'élaboration et dont elle ose faire un morceau de pure peinture dépourvu de narration.