Portrait de Michel Belot, beau-père de l'artiste (1730-1792)

Après le décès de sa jeune épouse en 1781, Martin Drolling se remarie en 1785 à Louise-Elisabeth Belot, fille d'un marchand de couleurs fines dont la boutique, rue de l'arbre sec, fournira une grande partie des peintres de la fin de l'Ancien Régime jusqu'à une date avancée du XIX siècle. Spécialisé dans la scène de genre dans le goût de Greuze ou de Louis-Léopold Boilly, Drölling réalise durant sa carriere quelques portraits, la plupart dans la sphère privée, qui restent parmi ses grandes réussites.

Celui de son beau-père, peint un an avant son décès, est en particulier un de ses chefs-d'œuvre.

Très influencé par la peinture hollandaise qu'il a longuement étudiée au Louvre, Drölling le représente dans un camaïeu de bruns, le buste de trois quart se détachant sur un fond sombre, le regard faisant percevoir un esprit éclairé. Le peintre semble avoir modifié le format de l'œuvre, initialement cintré dans sa partie supérieure et au cadrage plus serré. Ce changement lui permet de mieux souligner le livre que Belot tient entre ses mains, dont le titre permet de reconnaître un discours prononcé par Mirabeau à l'Assemblée Nationale le 14 janvier 1791, quelques mois avant sa mort. Bien plus qu'un portrait intime, Drölling laisse de son beau-père l'effigie d'un citoyen engagé, Ami de la Constitution et admirateur de Mirabeau.

Le portrait est resté chez le dernier fils de Michel Belot, Auguste-Lazare, né en 1788 et dernier propriétaire de la boutique qui a rendu le nom de Belot si célèbre auprès de plusieurs générations de peintres. Son legs au musée d'Orléans, avec le portrait de la belle-sœur du peintre, est un apport magistral pour compléter la collection de portraits du XVIII siècle qu'il clôt avec une de ses principales peintures.