Orphée pleurant sur le tombeau d'Eurydice

La Révolution entraîne une fermeture temporaire de l'Académie de France à Rome, pillée en 1793, ce qui empêche Guérin de bénéficier du séjour de trois ans qu'aurait dû lui offrir sa victoire au Prix de Rome de 1797. C'est donc depuis Paris qu'il réalise son « envoi de Rome », présenté au Louvre en 1800, en attendant de partir trois ans plus tard pour la Ville Éternelle. Le sujet qu'il retient, pris dans la mythologie grecque, lui permet de concentrer sa peinture sur le corps gracile de l'éphèbe pleurant la mort de sa femme. Le mythe a inspiré de nombreux artistes : tentant d'échapper aux assauts d'Aristée (fils d'Apollon) le jour de ses noces avec le poète Orphée, Eurydice est piquée dans sa course par un serpent au venin mortel. Désespéré par sa perte, Orphée descend la chercher aux Enfers, charme de sa lyre le passeur Charon et le chien Cerbère et il convainc Hadès et Perséphone, qui règnent sur les Enfers, de lui rendre son épouse. Son vœu est exaucé, à la condition que son regard ne croise pas le sien avant leur retour sur terre. Rempli de joie à l'idée de la retrouver, il oublie sa promesse et, tandis qu'il se retourne pour la regarder, l'ombre d'Eurydice disparaît à jamais dans les ténèbres. Ce tableau, resté propriété de Guérin, est entré à sa mort en 1833 dans la collection de son légataire universel, le peintre Michel Bourdon, avant d'être acheté en 1841 par Léon Cogniet qui fut l'élève de Guérin, Il a été offert au musée par sa veuve, en 1883, en souvenir de l'amitié du peintre avec Eudoxe Marcille directeur du musée de 1870 à 1890.