Réalisation : Boutet de Monvel, Louis-Maurice (Orléans, 1850 - Paris (75), 1913) (Peintre)
L'Apothéose de la canaille, dit aussi Le Triomphe de Robert Macaire
L'Apothéose de la canaille, dit aussi Le Triomphe de Robert Macaire
Réalisation : 1884
Domaine : Peinture
Technique(s) : Toile (peinture à l'huile)
Dimensions : H. 430 cm ; l. 332 cm
N°inventaire : D.80.1.1
© Crédit(s) photo(s) :
Camus, Christophe
Cartel
L'amnistie générale de 1880 à l'égard des communards suscite de nombreuses scènes de la Commune de Paris. La grande allégorie que Boutet de Monvel en tire pour le Salon de 1885 défraie la chronique. Un homme aviné et en guenilles trône au sommet d'une barricade et écrase de son pied une allégorie de la France. Il porte la couronne et le manteau rouge du souverain, que consacre la canaille, le personnage tendant les bras derrière lui sous les traits du brigand Robert Macaire, héros du célebre mélodrame L'Auberge des Adrets, accompagné de son complice Bertrand jouant de la grosse caisse sous les acclamations de la foule. La composition en contre-plongée et les raccourcis caricaturaux saisissent par leur puissance et leur originalite. Le coloris est symboliquement tricolore : bleu des vestes de la populace, blanc de la barricade et du drapeau rouge du manteau et des autres drapeaux brandis par ces mains aux ongles noirs, agressivement tendues. Comme Zola dans L'Assommoir (1877) et dans Germinal, contemporains du tableau.
Boutet de Monvel donne à voir de façon saisissante ces classes laborieuses, classes dangereuses dont les révoltes ont fait et défait les régimes tout ou long du XIXe siècle.
Au-delà d'une charge contre la Commune, l'œuvre est une critique du suffrage universel et de la démocratie, fondements mêmes de la République. La crainte des altercations que pourrait faire naitre ce pamphlet violemment antirépublicain fait retirer le tableau des cimaises quelques jours avant l'ouverture du Salon. Ce refus met le feu aux poudres : au nom de la liberté artistique et pour permettre à ses lecteurs de juger par eux-mêmes, le journal Le Figaro décide d'exposer la toile dans ses locaux, tandis que le communard Henri Rochefort lui-même condamne la décision du Conseil, au nom de la liberté de l'art, et ce malgré le sujet.
La réapparition en 1980 de cette icone de la IIIe République est l'occasion de l'acquérir alors que
l'installation du Musée dans le bâtiment actuel doit permettre de le présenter.
Provenance
Exposition du palais de l'industrie, retiré avant l'ouverture, 1885.
Grand hall de l'immeuble du Figaro, mai 1885.
Préempté en vente publique (Paris, Drouot, 20 juin 1980, lot 11) par l'Etat avec participation de la Société des amis des musées d'Orléans, 1980.
Inscrit sur les inventaires du Louvre.
Dépôt de l'Etat au musée des Beaux-Arts d'Orléans, octobre 1980.
Transfert en pleine propriété à la ville d'Orléans, 2020.
École
France
Localisation
Musée des Beaux-Arts
2e entresol
Salle : Salle des grands formats