Le Goûter de chasse

Cette œuvre de grande qualité et aux dimensions imposantes reste mystérieuse à plus d'un titre. Acquise en 1851 lors de la dispersion du mobilier du château d'Arconville (Loiret), on ne connaît pas le contexte de sa réalisation : tout juste peut-on supposer qu'elle fut peinte pour orner la salle à manger d'une importante demeure. L'autre interrogation à laquelle les spécialistes ne parviennent pas à répondre depuis de nombreuses années concerne son attribution.

Autrefois attribuée à Jean-Antoine Watteau puis à Nicolas Lancret, l'œuvre a été plus récemment associée à André Bouys et François Marot. La difficulté et l'intérêt de ce tableau résident dans le fait qu'il semble constitué d'une multitude de références à des grands maîtres actifs au début du XVIII siècle. On y voit des points communs avec l'art de Pierre Gobert (coiffures), de Bouys (mise en page et position des jambes), Nicolas de Largillierre (perruques, visages, nature morte), de Watteau (paysage) ou de Lancret (visages de profil). L'artiste semble puiser à différentes sources pour composer son œuvre.

Cette œuvre est un exemple précoce d'un thème qui connaît une vogue très importante sous la Régence et le règne de Louis XV : la collation après la chasse. Il a été traité à plusieurs reprises par Nicolas Lancret, Carle Van Loo et Jean-François de Troy pour des commandes du roi Louis XV qui appréciait particulièrement ces scènes de genre.

Les nombreux convives sont rassemblés autour d'une table basse couverte de victuailles, leurs attitudes se répondant. La toile est rythmée par les jeux de regards échangés entre les gentilshommes et les jeunes dames. Des serviteurs remplissent les verres de vin, les bouteilles étant rassemblées dans un rafraîchissoir au premier plan, et un jeune homme un peu isolé fume une longue pipe de terre blanche. Les costumes et les coiffures permettent de situer cette scène dans les années 1710.